samedi 24 avril 2010

La Mer des Caraîbes



Jennifer au repos
Ce serait bien si quelqu’un avait invente un enregistreur de pensées. Les idées et les souvenirs courent dans la tête mais le but c’est quand même de mettre tout ça par écrit et c’est souvent que la feuille reste vide : la flemme vous connaissez ?

Coin de Paradis
Retraduire les moments passés en navigation, aux mouillages, aux escales, c’est se replonger dans une période de mouvement, de voyage et ce qui à ce moment là, était de la routine prend avec le temps un parfum particulier. Mais c’est pour tout le monde pareil seule la géographie des souvenirs est différente. Et c’est justement ça que j’essaye de faire passer.
Alors en cette fin d’année 2004, après le chantier de Grenade d’où le bateau est ressorti en pleine forme, c’est cap sur le Venezuela.
Il y a à ce moment là, de gros risques à se balader dans ces coins là : piratages, meurtres sur les bateaux de plaisance au mouillage, tout le monde dit de faire attention.
Beaucoup de bateaux sont allés visiter le Venezuela, tous ne se sont pas fait attaquer. Il y a quand même quelques précautions à prendre et, si on est un tant soi peu prudent tout se passe bien.
Pour moi qui n’ai pas décidé de visiter ce pays la question ne se pose pas. On a décidé de croiser au long des iles. C’est ainsi que la route va passer par les Testigos, Margarita, Los Tortugas Les Aves, Los Roques et les iles ABC dans l’ordre d’apparition ;Curaçao,Bonnaire Aruba.,pour ensuite se prolonger par une grande courbe vers le panama en passant par les San Blas.
Je pense vraiment que cette partie du monde est l’une des plus belles par sa position et ses richesses naturelles.

La mer des caraïbes.
Lorsqu’on regarde une carte de la région on se rend compte que la mer des Caraïbes est une mer fermée. Au sud, Venezuela, Colombie,Panama, à l’est, les petites Antilles, à l’ouest, Costa Rica, Nicaragua, Honduras, Guatemala ,Belize, Mexique et au nord les grandes Antilles, avec Cuba ,la Jamaïque, Haïti, la République Dominicaine, Puerto Rico….ca vous dit rien tout ca ? C’est le terrain de jeux des pirates et des corsaires. Tout ici les rappelle. C’est aussi la région contemporaine des trafics en tout genre et en particulier de la drogue…enfin, de toutes les drogues.
Pour les plus érudits d’entre nous c’était à la grande époque « La Nouvelle Grenade », aujourd’hui divisée, morcelée.
Terres de révolutions et de soulèvements continuels qui ont laissé à l’histoire des noms comme Simon Bolivar, Francisco Miranda, Toussaint l’Ouverture, Che Guevara et tant d’autres. Tous empreints de liberté, d’enthousiasme révolutionnaire et d’idéal utopique d’un monde parfait. Leurs révolutions ont été faites, l’indépendance conquise, la liberté arrachée, et tout ça récupéré par les charognards qui; un peu en retrait comme toujours; attendent que les combattants soient devenus des héros : Morts pour la liberté.
Mais c’est vraiment une terre bénie des dieux. On pourrait y passer sa vie à visiter, découvrir, explorer…Depuis les pyramides du Yucatan jusqu’à la foret amazonienne du sud en passant par la flore paradisiaque du Costa Rica. Peut être pour une prochaine fois, pour le moment le but est de passer de l’autre coté.
Une autre richesse de cette région c’est son canal qui permet d’éviter les milliers de milles et le passage du Horn, seule route du passé qui donnait accès au pacifique. Et c’est bien là le but de cette navigation.
Simon Bolivar
Mais en ce moment la discussion n’est pas à l’ordre du jour :les deux tiers de l’équipage ne veut pas continuer. Seul le dernier tiers tien bon .Heureusement comme c’est le capitaine on va toujours dans le bon sens. Pour les récalcitrants l’espoir de remonter vers les caraïbes est toujours possible .
Donc entrée au Venezuela par Margarita. Grand mouillage avec plein de bateaux. Tout ceux qui passent par la connaissent Juan qui s’occupe des voiliers de passage .Il s’occupe des papiers, des bus il nous explique ce qu’il ne faut pas faire,ce qu'il faut faire, où il faut acheter, tient la veille VHF. Bon tout ça se paye bien sur mais ça va .Moi je l’aime bien le Juan !
Et c’est là que, tranquille au mouillage on s’est pris Yvan ! Le cyclone qui a dévasté grenade où on était 15 jours avant.
Coup de semonce un après midi a 18 heures .pas mal de bateaux on eu des problèmes à ce moment là, mais ils ont eu le temps de se
repositionner et les choses sérieuses ont commencés à partir de 9 h du soir .
Moteur en marche ; 55 m de chaine dans 7 mètres d’eau à la barre toute la nuit pour aider le bateau .On s’en est sorti sans dommage ,c’était d’une beauté extraordinaire mais c’est le genre de chose à ne pas prendre en habitude !! 8 bateaux à la côte quand même ! Yvan dans ses œuvres
A Margarita une chose intéressante aussi :c’est que pour nous rien n’est cher. Nourriture, matériel etc. Bien sur pour les locaux c’est une autre histoire.
Comment dans ce cas là ne pas apparaitre comme un riche nabab.
Lorsqu’on est parti d’ici pour continuer notre route on avait stocké du lait et d’autres bricoles qu’on distribuait dans les iles aux enfants qui venaient nous voir. En général tous les voiliers faisaient de même. Toute petite contribution pour ceux qui n’avaient rien de toute façon. Le droit de passage ,ils n’en profitaient jamais.
Le droit de passage c’est une sorte de permis de croiser dans ces eaux et c’est une taxe qui est souvent décidée à la tête du client !...on paye et on passe. Le montant n’est jamais porté sur le reçu .On a juste un papier qui dit qu’on a payé !
Pour la petite histoire, le droit de passage est exigé à chaque fois qu’on touche terre, même si c’est la même mer ,le même pays. Là, Charles doit avoir compris !
Notre plus beau souvenir de mouillage c’est les Aves.
Un vrai paradis. Des oiseaux partout et un calme royal.

D 'ile en ile. Seuls au monde sur ce mouillage, on a découvert un passage à travers la mangrove et en annexe on allait voir les oiseaux. Ceux ci pas méfiants du tout nous laissaient approcher des nids où on pouvait voir les petits. Il y en avait. des centaines à 1 ou 2 mètres au dessus de l’eau. Les parents étaient là aussi et nous regardaient, curieux. Sous l’eau aussi c’était pas mal et même de l’annexe c’était un beau spectacle.
Paysages extraordinaires, une eau bleue turquoise, les arbres émeraudes un ciel lumineux. Deux jours après deux bateaux sont arrivés et ça a cassé un peu le charme, mais on ne va pas jouer les dérangés, le paradis est à tout le monde, et en plus c’était des potes a nous !
Ils nous ont approvisionnés en poissons, perroquets, carangues et autres dorades. Bref c’était pas le bagne. Merci à vous Paganini et Acca.
Au gré des petites iles qui longent cette route on arrive à Curaçao. L’ile de la liqueur..
Curaçao, Bonnaire et Aruba dans la foulée. En navigation il y a des impératifs de délai pour éviter les mauvaises périodes lorsqu’on a décidé une route C'est quelquefois supportable...
. En l’occurrence je voulais passer le canal et ensuite le pacifique .Ce qui impose quand même un timing.et je voulais avoir le temps pour les papiers et visiter un peu le coin du canal.Donc on a fait un peu rapide pour ces iles.
Le Golfe de Carthagène est un peu spécial .Le courant des caraïbes qui va d’est en ouest se propage en direction du Panama et Costa Rica .Arrivé là, le courant principal remonte vers le nord tandis qu’une branche descend vers la Colombie et remonte vers l’est .Au nord de ce qui s’appelle la pointe de Guagira ce courant rencontre celui ,principal qui vient de l’ouest et ça fait un peu comme une machine à laver. Voila pourquoi il vaut mieux faire route très à l’ écart de ce cap pour être tranquille surtout si le mauvais temps se met de la partie.
Pour nous ça s’est bien passé. Beau temps mais quand même mer agité et beaucoup de mouvements du bateau. C’est en passant par là que j’ai eu une vision extraordinaire ; une baleine a jailli à 20 mètres de bateau sur la droite et est retombée dans l’eau dans une explosion d’écume blanche comme de la neige. Formidable. J’espère qu’elle a vu le bateau quand elle est montée du fond pour sauter comme ça, sinon je me demande ce que ç'aurait été de heurter un engin pareil qui remonte à fond les manettes ?ça doit bien peser plusieurs tonnes. En tout cas ça m’a laissé une image que je suis pas prés d’oublier.
C’est dans les eaux de ce golfe que nous avons eu affaire pour la première fois à ce qu’on appelle des calmes.
Pour ressentir ce qu’est un calme il faut bien comprendre qu’un voilier ça ne marche qu’avec du vent et qu’à moins d’être en approche d’une terre on ne se sert pas du moteur .Sinon on est vite à court de carburant.
Ainsi après des jours à la voile, tout d’un coup le vent tombe. Au début il y a toujours le courant du vent, et la mer est encore parcourue de frisson qui l’agite un peu. Puis petit à petit l’eau devient plus calme jusqu'à devenir inerte. Elle prend alors l’apparence de l’eau stagnante, un vrai miroir. On y voit à des milles. C’est là qu’on se rend compte que l’océan est une vrai poubelle, bouteilles plastiques, bouts de polystyrène, frigos, caisses, bouts de n’importe quoi .Tout ça se voit à des kilomètres. Le bateau est parfaitement immobile .arrêté au milieu a des centaines de km de sa destination. Plus de bruit, de temps en temps une poulie qui claque, une onde invisible a fait bouger le bateau, et ça peut durer des heures. D’ailleurs ça dure des heures. C’est très impressionnant. Il faut alors imaginer ces marins des siècles de la marine en bois qui se trouvais piégés dans ces conditions, et ça dure des jours. Et tout s’y met : la chaleur, la soif, quelquefois le hasard des

Mer d'huile
choses faisait qu’un navire de commerce et le pirate qui le pourchassait se trouvaient piégés par ce phénomène, et alors c’était l’attente de qui le premier allait recevoir la brise qui le débloquerait.
De temps en temps on voit le miroir de l’eau se troubler par un petit souffle et on le voit se déplacer.C’est long et éprouvant. La tentation de mettre le moteur est grande. Puis soudain l’eau change de couleur et un petit souffle apparait .c’est le soulagement jusqu'à ce que tout s’arrête et c’est le calme de nouveau. Lors d’un calme, une autre fois j’ai arrêté le bateau, on a mis les voiles à mis- hauteur pour que les mouvements du bateau soit un peu amortis et on est allé dormir.
Comme on était bien fatigué on a dormi au moins 12 heures .Au réveil la mer était toujours dans le même état .Au GPS le bateau ne s’était déplacé que de 2 milles. Autant dire qu’en déplacement surface, on n’avait pas bougé d’un millimètre.
Voila ce qu’est un calme. On les trouve dans le Pot au Noir, dans la mer des Sargasses et dans toute la ceinture équatoriale.
Mais un jour ou l’autre tôt ou tard on fini par en sortir et la route se poursuit.
Et finalement par une belle nuit de novembre la Lune pour compagne ,sous des grains d’orage avec des éclairs, c’est rares quand même, on arrive au large des San Blas.




Quoi de mieux?

2 commentaires:

  1. Merci pour ce beau témoignage. Tu nous apprends de belles choses dans ce cours d'histoire peu commun, tu nous fais réver avec ce mouillage à la isla de Aves que forcement on ne peut pas resister à taper sur google voir ce qu'ils en disent...l'ile aux oiseaux en français, wikipedia en fait l'éloge... on attend avec vous le bout de vent qui fera avancer le bateau dans cette mer d'huile... l'émotion est passé le texte est toujours aussi vivant meme 1 an plus tard tu n'as pas perdu ta plume et on est bien content de retrouver un peu de vie sur ce blog .
    Gros bisous à bientot.
    Jennifer

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