La Guyane est pour beaucoup une escale définitive. Apres des débuts souvent difficiles et pour ceux qui ont réussi à s’adapter, un endroit où il fait bon vivre.
Il n’y a alors qu’un pas à faire pour acheter un terrain et avoir sa maison. Le pays offre suffisamment de diversité et d’opportunités pour y être heureux.
Pour nous cependant malgré un séjour assez long et le plaisir d’être ici, le besoin de repartir a toujours été sous-jacent. Lorsqu’il s’est fait trop insistant il a fallut choisir : ce fut l’Océan !
D’abord réviser complètement le bateau qui en avait bien besoin. C’est sur un terrain obligeamment prêté par Cégélec que nous avons mis le bateau en chantier. Tout y est passé : hublots, accastillage, mat, moteur, peintures intérieures et extérieures, démontage de toute la menuiserie, remplacement d’une tôle : 6 mois de travail non stop.
La saison sèche, heureusement, offre de sacrées belles journées. C’était du camping, mais le chantier a bien marché et les mois vites passés. Finalement, le bateau remis a neuf est prêt a temps pour reprendre la mer vers le nord.
La remise en état du voilier a été une bonne transition entre la vie de terrien qu’on mène depuis quatre ans et la vie de marin qui nous attend. Mais repartir en navigation après tout ce temps n’est pas un challenge gagné d’avance.
Pour la remise à l’eau, le transport a été fait sur une remorque plateau sur lequel on avait installé un ber. Le tout simplement serré par des câbles. Je voyais le bateau osciller sans arrêt. J’ai vraiment été soulagé quand le bateau a touché l'eau.
Apres ce petit moment de stress, pose de l’ancre dans la vase du fleuve et préparation du départ.
Nourriture, eau, gaz oil, météo derniers au revoir, tout est fait et c’est la veille du départ. Généralement nuit agitée !
Météo France prévoit des creux de 3,50 m jusqu’au 10eme sud et 15 a 20 nœuds de vent.
Le départ enfin le 17 février à 7h30.Vent faible de sud est, temps couvert et brumeux.
On aura même une petite pluie avant de lever l’ancre.
L’option est de partir au maximum à l’est pour être à l’abri de toute surprise. Comme on ne compte pas faire escale au Surinam ou au Guyana nous allons faire route pour dégager la cote au moins d’une centaine de milles pour éviter une mauvaise rencontre toujours possible et éventuellement un coup de vent de nord est qui nous rabattrai sur les hauts fonds vaseux.
C’est donc toute une journée et une nuit de près dans une mer de plus en plus houleuse. La météo ne s’est pas trompée. Le pont est recouvert de sel et d’embruns.
Malgré tous mes efforts pour l’arranger au mieux, le pilote ne marche pas bien. Trop de jeux dans l’axe et mauvais positionnement de l’appareil. Il est trop près du safran. Le bateau fait des écarts importants. Le point à surveiller et de ne pas passer sous le vent ce qui nous ferait virer de bord. La grand-voile est très fatiguée et n’aide pas beaucoup au maintient du cap.
Ces petits inconvénients n’empêchent pas le bateau de faire sa route. Il bouge beaucoup et, est souvent ralentit par les vagues qu’on prend de trois quart avant. On a vraiment l’impression de labourer la mer !
Apres une quarantaine d’heure on peut enfin prendre cap au nord. Le vent et la mer passent alors de l’arrière et c’est le paradis après le purgatoire. La vitesse augmente avec le confort. Malheureusement pour Mathias et Dominique la guérison n’est pas encore au rendez vous. Pendant ce voyage ils ont vraiment souffert.
A part la drisse de génois qui s’est bloquée en tête de mat il n’y aura pas d’incident mécanique Je l’ai laissé faire sa vie et je suis passé sur la trinquette .Le lendemain je reprend la drisse et…elle s’était libérée ! Comme quoi c’est pas la peine de se prendre la tête !
Petit à petit l’eau reprend des couleurs. Le vert est encore un peu sale mais c’est en bonne voie. On commence à voir de nombreux bancs de poissons, surtout des thons.
Les automatismes de la navigation reviennent peu à peu. Et la complicité avec le bateau est retrouvée. On retrouve les paysages du ciel qu’on avait un peu oublié et la vie de l’Océan. Poissons volants, thons, dauphins, oiseaux de mer…Mathias le pécheur n’est pas en forme pour lancer la ligne alors on pioche dans les réserves.
C’est une situation particulière. La tête encore pleine du souvenir des années passées en Guyane et les espoirs et interrogation de la nouvelle terre qu’on va découvrir.
Les Caraïbes pays des corsaires et des pirates de notre enfance, l’eau turquoise, les plages de rêves. Est-ce qu’on y verra des bateaux amis ?
Cette période d’entracte est privilégiée. On y fait le point, on fait des bilans, des projets. On note les améliorations à faire au bateau.
Comme prévu par la météo, au passage du 10eme, la mer se calme et le vent s’atténue. 10 à 15 nœuds de vent, mer belle, ciel bleu que peut on rêver de mieux pour notre entrée dans les caraïbes.
L’Océan a retrouvé son bleu profond. On laisse Trinidad à bâbord et on se dirige sur St Vincent.
St Vincent en vue le 22 à 6 heure du matin, changement de cap pour Ste Lucie ou on arrive vers 15 heures .Mouillage au pieds des deux pitons à 17 heures.
Voila, JENNIFER D’ORION a changé d’univers. Bonjour les Antilles !
Ce chantier qui n’en finissait pas, la première mise à l’eau manquée pour une panne de moteur, mais comme toujours tu as trouvé les solutions à tous ces désagréments. Que de souvenirs, voilà déjà 5 ans et je me souviens de cette traversée comme si nous l’avions faite hier. Il n’y avait pas que le pont qui était recouvert de sel. Mais quand on touche enfin terre, quel plaisir, tous les mauvais moments sont oubliés. Depuis cette navigation, le Jennifer d’Orion a parcouru beaucoup de miles avec son équipage toujours en toute sécurité grâce à son capitaine qui a su choisir les bonnes options. Maintenant il est temps de prévoir le prochain chantier, les améliorations a apporter au bateau car il y en a toujours. Quel est le prochain port ? Pas trop loin, il faut un temps pour s’amariner.
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