Les paysages, les lieux changent souvent d’une manière irrationnelle parce que l’Homme en a décidé ainsi. Suivant les générations ils peuvent être un enfer ou un paradis. Les îles du Salut font parties de ces endroits dont l’identité et le destin furent si douloureusement malmenés.
L a colonisation de la Guyane commence en 1643 avec la création d’un village fortifié qui deviendra Cayenne. Mais les maladies anéantissent toutes ces tentatives d’implantation.
En 1763 on envoi un fort contingent de personnes qui débarquent à Kourou. Les trois quarts décèdent la première année. Les survivants décident alors de se réfugier aux îles ou ils réussissent à se maintenir en bonne santé, jusqu’à leur rapatriement, grâce notamment à l’alysé venant du large qui assainit l’air et aussi a l’absence de moustiques. Les îles prennent alors le nom d’Iles du Salut.
Les premiers navigateurs les avaient baptisées Iles du triangle en raison de leur disposition.
A cause de la difficulté d’approche et des forts courants ainsi que des problèmes insurmontables d’implantation, les colons les surnommèrent les Iles du Diable. Finalement
Le nom définitif fut donné par les rescapés de 1763.
La tache de défricher et d’aménager les voies de communication fut imposée aux esclaves noirs. Ceux qui en réchappaient pouvaient s’établir sur le continent et avoir une parcelle de terrain le long du Maroni.
En 1793 un premier lot de déportés politiques, des prêtres réfractaires, inaugura la future destinée des îles.
Avec l’abolition de l’esclavage, en 1848, le besoin en main d’œuvre sur tout le territoire Guyanais se fit sentir.
En 1854 le second empire décide donc d’y implanter une zone pénitentiaire qui fournira les bras nécessaires et à la fin de leur temps de peine, des habitants potentiels pour cette colonie à la renommée tellement détestable qu’elle ne suscite aucun engouement de la part d’éventuels candidats à l’aventure.
Plus de 70000 prisonniers connaîtrons les îles du salut avec des fortunes plus ou moins diverses.
Les condamnés arrivaient d’abord à St Laurent du Maroni dans un camp de transportation puis pour nombre d’entr’eux c’était l’expédition aux îles.
D’eux on a retenu les plus célèbres : Dreyfus, Seznec, Papillon (alias Charrière), quelques autres encore qui ont défrayés la chronique en leur temps mais tous enchaînés à tord ou à raison ont connu certainement l’un des bagnes les plus terribles de l’histoire.
Ainsi les îles après avoir étés le salut pour des colons, étaient devenues un enfer pour d’autres hommes.
Un décret de 1938 mis fin au bagne mais c’est véritablement en 1953 que celui-ci fut définitivement fermé et abandonné.
Apres des années d’oubli ou la nature réinvestissait ce que l’Homme lui avait arraché au prix du sang,une campagne de réhabilitation historique fut décidée et la remise en état des locaux et des voies d’accès fut entreprise.
Aujourd’hui les touristes que nous sommes peuvent se promener, camper, visiter ces camps.
Le contraste est frappant entre la vision paradisiaque de ces îles émeraudes et les sombres et infernaux cachots des prisonniers.
Il reste quelques cellules parfaitement conservées ou l’on peut (pour voir !)se laisser enfermer et imaginer ce que ces hommes avaient pu ressentir :ça fait froid dans le dos.
Les îles appartiennent au C.S.G.(Centre Spatial Guyanais).L’île du Diable est interdite mais l’Ile Royale et l’Ile St Joseph sont accessibles , hors période de lancement de fusée(pour des questions de sécurités).
Les Iles du Salut sont redevenues ou devenues des buts de promenade paradisiaques.
Une quantité innombrables de plantes et de fleurs s’y épanouissent toute l’année et une faune assez varié s’y perpétue bien qu’elle n’ait plus grand-chose à voir avec l’origine :l’Homme la aussi a imposé sa poigne de fer. Les cochons et les chèvres en liberté ont tôt fait d’exterminer les espèces endémiques.
Aujourd’hui on peut y voir des oiseaux qui reviennent du continent, des singes, des agoutis et peut être d’autres encore s’ils réussissent à pérenniser leur espèce.
Ces îles sont beaucoup visitées. C’est une des plus belles destinations en Guyane.
On peut y voir toutes les constructions et locaux datant du bagne. Villas des directeurs, maisons des gardiens, la superbe place réservée à l’encadrement ou les épouses des fonctionnaires se retrouvaient. C’est la aussi que se créait les relations sociales indispensables à ces familles qui travaillait la et qui étaient bon grés mal grés des expatries, loin de la métropole que la plupart aurait préféré ne pas quitter.
Les gardien et autres fonctionnaires n’étaient pas tous des tortionnaires loin s’en faut. Mais les règles du camp, le travail et la position géographique qui interdisait tout espoir de liberté, suffisaient à faire de ces lieux un étau effroyable pour l’esprit et le corps…
Les Iles du Salut sont indissociables de l’histoire de la Guyane et il est bien dommage que celle-ci soit dominée par l’esclavage et le bagne. Ce pays aurait mérité beaucoup mieux.
C’était un endroit de liberté, de beauté et de diversité
Ils en ont fait un endroit de mort de souffrance et de misère.
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