Allongé dans le cockpit, je savoure cet instant de navigation idéale. On est parti de St Georges ce matin, le 22 août et on est en route pour les Testigos. La nuit est tombée depuis longtemps mais le ciel est clair, parsemé d’étoiles et on distingue clairement l’eau et l’horizon. Génépi nous accompagne. Il est sur la droite à 1 mille environ.
Sous yankees, trinquette et grand voile le bateau avance à 7 ou 8 nœuds dans une mer de rêve.
La navigation, ce devrait toujours être comme ça. De temps en temps des bruits parviennent de l’eau : ce sont des dauphins. Ils viendront souvent nous rendre visite pendant ce trajet.
Grenade, ile asservie aux US depuis leur fameuse invasion de 1983.
Nous sommes surtout venu ici pour le chantier et pour la relative tranquillité de son climat par rapport à la mauvaise saison.
On a quand même fait une bonne ballade en compagnie de l’équipage de Génépi et Hobbit. Apres avoir loué une camionnette on est allé faire un tour dans l’île pour visiter rhumerie et autres curiosités .Il faudrait certainement y rester plus longtemps pour en apprécier les différentes subtilités, quand à nous c’est surtout le plaisir et l’opportunité de passer une journée en bonne compagnie.
Dernière halte du chapelet des Antilles ce fut pour nous une sorte de point de non retour même si on pouvait toujours rallier la Martinique, il était quand même plus logique de continuer sur Panama. Mais en cas de veto de la part de l’équipage, et comme la saison des cyclone était là, il aurait fallut la passer au Venezuela ou dans les parages ce qui ne m’enchantait guère.
Le chantier a été long et éprouvant. Beaucoup de marche a pied pour le matériel et l’outillage,
Quelques petites frictions avec les professionnels locaux (dans ces coins, la main d’œuvre locale n’aime pas les gens qui font leurs propres travaux) . Mais maintenant on a un bon pilote fiable et une éolienne pour l’énergie. Et si le budget en a pris un sérieux coup c’était pour la bonne cause. D’ailleurs ces choix n’ont jamais été remis en question tant ils étaient indispensables…dans la mesure ou on continuais à naviguer bien sur.
En tout cas ce fut une sérieuse amélioration pour le confort. Le bateau ne folâtre plus à gauche et a droite, les batteries sont toujours pleines et avec la grande voile neuve les moyennes sont devenues moins rocambolesques.
La mise au point du pilote n’a pas été difficile et c’est vraiment un régal que de voir le sillon rectiligne du bateau dans cette mer lumineuse.
On a subit un coup de vent pendant ce chantier de Prickly bay. Pourtant la pub vante sa position hors de la « cyclone belt » mais ce jour la des rafales à 45 nœuds faisaient dangereusement vibrer le bateau et pour être tranquille j’ai été récupérer 4 épontilles supplémentaires. Le calage sur simple terre battue, saturée d’eau et la coque secouée par des poussées de vent incessantes ne me disaient rien qui vaille.
Les locaux du chantier ne manifestaient pas d’inquiétudes. Il faut dire que ce ne sont pas leurs bateaux. C’était quand même un petit, tout petit avertissement auquel ils auraient du apporter un intérêt plus manifeste.
Pour le moment, avec la lune qui se lève j’apprécie pleinement cette nuit tropicale. Je retrouve mes constellations qui défilent dans le ciel : Scorpion, Croix du Sud, Les nuages de Magellan, Orion…
Le bruit de l’eau qui glisse le long du bordé est régulier. C’est un moment de paix. Les images passées et les souvenirs reviennent comme un livre d’image, le haut du gréement de JENNIFER dessine des huit dans la voie lactée. Le bateau chante et moi je rêve…
moi aussi je rêve, du coup!
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