dimanche 2 mai 2010

Porto Bello.





Arriver au mouillage des Flats à Côlon en ce début novembre 2004 n’était pas très judicieux. C’aurait été bien 2 mois avant ou 2 mois après. Bref bloqués dans ce mouillage triste du bout du monde, laid, aux fonds sournois, en pleine saison des pluies, il fallait quand même faire avec.

Prendre nos dispositions pour récupérer le courrier, une nouvelle carte bancaire, se renseigner pour le passage du canal.

En projet nous voulons laisser le bateau dans le coin et aller faire un tour au Mexique.

Pour tout ce qui est administratif c’est du temps et des palabres à n’en plus finir. Il faut prendre son mal en patience parce qu’ici tout est long.Et ce qui fait râler aussi c'est que les démarches faites à Porvenir sont caduques ici.Bien sur, tout est question d'argent Alors on recommence tout.

Heureusement Bill Gates a installé à ses frais des internet café ou on peut passer des heures pour pas cher. En attendant le résultat de nos démarches on y passe le temps .

Côlon est une ville que nous ne regretterons pas :sale et dangereuse , et les mots sont faibles. A moins de se balader en groupe ou en taxi c’est toujours un pari risqué.

J’y aurais quand même laisse mon appareil photos ,avec toutes les pellicules depuis Grenade et mon carnet d’adresse.

Une seconde d’inattention aura suffit et je me suis fait embarqué le sac. Je m’en veut encore….

Et bien sur, la grande mascarade avec la police qui nous fait croire qu’elle s’occupe de nous .

Après tout un cinéma où il était question d’interprètes, de passage d’un bureau de chef à un autre bureau de chef, on en a eu plein les bottes et on s’est tiré de là..

Côlon c’est.les bus multicolores, les rues avec des millions de fils électriques qui pendent, les marchés avec les gens serrés les uns contre les autres tout juste bon à se faire pickpocketter, les taxis qui chargent avec des réservoirs vides de peur de se faire piquer la voiture ,l’administration qui en est encore à faire des copies avec des feuilles carbones qui ont servies 100 fois.

Il y a certainement de jolies choses à voir dans cette ville mais le climat y est tellement glauque qu’on décide de partir ailleurs pour la suite des événements..

On a quand même récupéré notre courrier, notre carte bancaire, et on a même fait un passage du canal comme équipier sur un catamaran, histoire de voir comment çà se passe.

Juste avant de quitter les Flats on a fait la connaissance de Alain et Annick qui viennent juste d’arriver mais qui on décidé de rester dans les Caraïbes.

Fin novembre on fait route vers Panamarina 20 milles plus au nord.

Ce jour là, l’Alysé de 20, 25 nœud juste en face ,semble vouloir nous empêcher de sortir du port. Comble de misère les trois semaines de mouillage on été suffisant pour pourrir la coque et l’hélice, à un point tel que même le moteur à fond on ne dépasse pas les 2,5 nœuds. Mais quand faut y aller….

Réserve de gasoil 20 litres. C’était l’Holiday aujourd’hui les pompes du port sont fermées !

D’autre part on ne peut rester au quai même 1 heure pour aller chercher du carburant à Texaco avec les bidons sinon on doit payer la place de la journée.

Moi ce genre d’arnaque ;j’aime pas.

On repart et on se retrouve dans la passe contre vent et marée,. La sortie est un peu chaude avec un porte container qui entre quand nous sortons ,surtout qu’on tire des bords.

Dehors je mets tout dessus malgré le vent pour avoir assez de puissance pour compenser la tonne de crasse que j’entraine avec moi.

Pour faire les 9 milles qui nous séparent de Porto Bello on en fera 25 !

On entre dans la baie à 6heures 15 du soir juste à la tombée de la nuit. gaz oil au ras du fond et 2 nœuds de moyenne. J’aurais dû faire nettoyer l’hélice à Côlon.

Une bonne nuit de repos .Le mouillage avec la pleine lune a quelque chose de magique.

J’imagine être un marin Espagnol du temps de Charles Quint accoudé au bastingage de son navire en train de contempler les mêmes collines, les mêmes étoiles et la même lune.


Tout autour des feux crépitent ;les soldats en postes sur les trois forts qui protègent la baie se pressent autour de brasero, parlent et boivent à la santé des leurs ,au pays ,qu’ils retrouveront quand leur temps sera écoulé

.Leurs voix parviennent jusqu’ au galion, étouffées, noyées dans la nuit mais présentes. C’est une nuit équatoriale, chaude, bruissant de mille sons, vivante.

Ces trois citadelles étaient les forts de Todofiero, Gloria et San Jeronimo.


Elles seront prises par la flotte de Vernon le 21 novembre 1739.C’est pratiquement la date anniversaire.

Dans ces regions, on ressent souvent que cette époque d’aventure, de corsaires et d’Eldorado n’est pas tout à fait morte, et qu’il existe encore bien des mystères et des histoires de citées perdues.

Quelle différence avec Côlon. Ici c’est vraiment la beauté Caraîbes.


La ville à l’époque était très importante. C’est par là que transitait tout l’or et l’argent que l’Espagne a volé en Amérique Latine. On parle de 40000 tonnes d’or et d’argent sur 2 siècles.

Il y avait un chemin pavé ; ”El Camino del Real“ qui venait de Panama ,la ville du Pacifique d’où arrivait l’or et les richesses collectées depuis le Mexique jusqu’au Pérou, et qui traversait la foret équatoriale .Il aboutissait à la ville de Porto Bello où un grand bâtiment faisant office de douanes comptabilisait toutes les sorties de richesses et les entrées de marchandises en provenance d’Espagne. Trois villes en Nouvelle Grenade faisaient ce transit : Carthagène des Indes, Nombre de Dios et Porto bello.

La razzia sur les richesses de la Nouvelle Espagne et de la Nouvelle Grenade ont commencées dès la découverte de l'Amérique.et, à cause de la piraterie il fut décidé d'organiser un système de convoi, afin d'améliorer la sécurité des navires. Il y avait deux flottes équipées de bateaux de guerre et de navires marchands.

Chaque année elles quittaient l'Espagne, par le port de Séville - puis, de Cadix. La première flotte se rendait à Veracruz en nouvelle Espagne dans le golfe du Mexique La seconde se dirigeait vers la Nouvelle Grenade, à Carthagène , Nombre de Dios et Porto Bello

Dans les ports, les flottes déchargeaient les marchandises qui venaient d’Espagne :produits manufacturés ou esclaves, et embarquaient les: métaux précieux , argent et or , pierres précieuses, perles, épices, sucre, tabac, soie et autres biens exotiques. Comme ces bateaux ne marchaient qu’au portant il remontaient vers le nord pour rejoindre le port de la havane sur Hispaniola Ensuite, les deux flottes réunies, faisaient ensemble le long voyage de retour, vers Séville ou Cadix

Le commerce avec les Colonies Espagnoles était étroitement surveillé, par l'établissement de la "Casa de Contratacion "dès1503. La loi établissait qu'elles ne pouvaient commercer qu'avec le port espagnol de Séville et de Cadix.. Les Anglais, les Français et les Hollandais essayèrent de faire abolir ce monopole qui persista durant deux siècles. Grâce à lui et au contrôle qu'elle exerçait sur le commerce, l'Espagne devint un des pays les plus riches d'Europe : La taille de la flotte passa de 17 navires en 1550 à plus de 100 dans les dernières années du XVIe siècle. Ces richesses servirent à financer les longues guerres que connut l’Espagne de l’époque.


Mais le voyage de retour des convois espagnol n’était pas sans risques.Lourdement chargés, lents peu manœuvrants, ne pouvant remonter au vent, ils étaient à la merci de toutes les fortunes de mer possibles.Mauvais temps, alyzé violent, grains, quelquefois cyclones. A l’époque la météo n’était pas encore très au point,.Il leur fallait aussi impérativement rester groupé avec le reste de la flotte pour pouvoir se défendre contre les pirates. Tout retardataire était invariablement attaqué et pillé.

Malgré tous ses déboires aux Caraïbes, l'Espagne est alors la nation la plus riche du monde! La pièce de huit est en Argent. Unité de base de la monnaie Espagnole, elle était symbolisée par un P et un 8 entrelacés ."El Camino Réal" était aussi souvent attaqué. Le transport de l’or se faisait avec des mules et s’étirait sur des kilomètres. Quand les pillards fondaient sur le convois c’était l’affolement. Les mules partaient dans tout les sens et il reste probablement aujourd’hui encore au fond de quelque précipice,mélangés à des os blanchis par le temps et à des casques et des sabres, quelques paniers d’osiers éclatés ;et répandu autour, des dizaines de kilos d’or et d’argent.

Mais ici c’est la foret équatoriale et il est pratiquement impossible d’explorer les ravins longés par ce sentier.D’autre part à cause des insectes on est pratiquement assuré d’y contracter la malaria le paludisme ou autres gâteries du même genre.Malgré tout dans toute la région qui est accessible aujourd’hui il arrive souvent que des gens trouvent des vestiges de cette époque :armes, doublons d’or ou d’argent.

De la ville de Porto Bello ne subsistent plus aujourd’hui que des ruines noircies par le temps et l’humidité. Elle a été attaquée par le pirate Morgan et eu à faire face à de nombreuses tentatives de harcèlement pour finalement tomber face aux anglais.Elle n’a plus, depuis, retrouvé son éclat passé. Aujourd’hui, la population en majorité noire se compose de quelques centaines de personnes. La baie est déserte et ne sert que de mouillage aux voiliers de passage.

Beaucoup de français en mal d’exotisme se sont installés ici. Les plus chanceux qui peuvent déclarer un revenu régulier ont droit à un visa permanent. Les autres doivent sortir du territoire tout les six mois pour se mettre en règle..On fait ainsi la connaissance de Michel qui a écrit un livre sr les San Blas et qui m’a initié à l’histoire de cette région . On a passé des heures à écouter ses expériences et ses découvertes.

Lorsqu’on repassera par ici on a promis de se revoir.

Le temps n’est pas très beau il pleut souvent. Le vent assez irrégulier souffle en rafales. Il est temps de repartir. La remontée vers Puntas Cacique sera très difficile. La coque empêche de gagner de la vitesse et il faut sans cesse lutter contre le vent. Nombreux virement de bords .Il faut contrôler sans arrêt le yankee et la grand voile pour éviter d’abattre sous le vent et mettre la voile d’avant à contre. Le courant est violent et par moment le bateau fait carrément arrière !Après huit heures d’efforts on arrive enfin en vue de la passe. Le chenal est étroit. De chaque coté les vagues brisent sur les récifs. On n’a pas idée d’installer un mouillage dans un endroit pareil. Finalement tout se passe bien et vers 17 heures le bateau est enfin amarré.

Le mouillage de Panamarina est tenu par Jean-Paul et Sylvie qu’on n’a d’ailleurs jamais pu avoir en VHF, ça nous aurait bien aidé pour trouver la passe.Un couple de navigateur en annexe nous a aidé à prendre la bouée, et c’est avec le sentiment du devoir accompli qu’on peut enfin savourer notre bière dans le cockpit, enfin tranquille.

1 commentaire:

  1. encore de tres belles histoires et de beaux effets sur les photos que l'on peut agrandir cette fois.
    Merci de continuer à nous régaler.
    Gros bisous

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